[Soutenance de Thèse] Virginie SEMARD – Approche psychodynamique intégrative de la notion d’adoptabilité psychologique. Étude clinique comparative auprès d’enfants en âge de latence confiés en accueil collectif ou en accueil familial

RÉSUMÉ

La notion d’adoptabilité psychologique est éminemment présente dans le terrain de l’Aide Sociale à l’Enfance. Les attentes en protection de l’enfance s’élèvent jusqu’à envisager des bilans d’adoptabilité pour chaque enfant accédant au statut de pupille de l’État. En parallèle, cette notion est peu ou prou explorée dans la recherche scientifique. Cette étude qualitative s’appuie sur une démarche exploratoire ainsi qu’une approche comparative et transversale. La population cible relève de l’adoption tardive, plus précisément de l’âge de latence, et est confiée en accueil familial ou collectif.

Les objectifs visés consistent d’une part à rendre observables les réaménagements psychologiques à l’œuvre au cours de la période pré-adoptive jusqu’à l’arrivée chez les candidats désignés parents d’adoption. Il s’agit de la mise en lumière des modalités de la recréation de l’objet interne par le jeu intersubjectif intrinsèque réalisé par le psychologue. D’autre part, à partir de l’identification des processus qui ont favorisé ou restreint les modalités de la recréation objectale, il s’agit de proposer une définition princeps de ce nouvel objet d’étude qu’est l’adoptabilité psychologique. La perspective psychodynamique intégrative est dans ce travail, fédératrice des apports des théories de l’attachement et de la relation d’objet.

La méthodologie retenue s’appuie sur des épreuves projectives (test des contes, test du dessin de la famille), des échelles cliniques (R-CMAS, Estime de Soi, MDI-C), matériels d’observations directes et indirectes à partir de grilles spécifiques produites pour cette recherche, des entretiens semi-directifs et non-directifs. Ce dispositif technique se veut efficient et réplicable pour les praticiens.

Cet ouvrage contribue à montrer que l’adoptabilité psychologique consiste en l’expérience subjectivante d’une nouvelle naissance de l’objet. La nature de ce que visent les dimensions évaluatives et préparatoires de l’adoptabilité psychologique concerne la capacité à faire rupture avec des objets d’amour en leur présence pour s’affilier à de nouveaux objets d’amour, d’abord fictifs. Dans ce devenir affiliatif, l’enfant pupille de l’État confié durablement à l’Aide Sociale à l’Enfance est avant tout étranger à lui-même tant ce que soulève le désir et l’angoisse d’être le fils ou la fille de parents imaginaires puis réels est de l’ordre mythique.

Pour conclure, l’adoptabilité psychologique revêt un risque traumatogène pour l’enfant éprouvé narcissiquement par son vécu de ruptures. L’accompagnement psychologique péri-bilan d’adoptabilité est utile en termes de prévention du risque d’échec d’adoption. En cas de poursuite, il contribue au soutien du socle adoptif et déjà, au fantasme de sa création et à la création de son fantasme.

Mots-clefs

Affiliation ; attachement ; relation d’objet ; adoption ; psychotraumatisme

En 6^e mot-clef : adoptabilité psychologique