[Soutenance de Thèse] Antoine Frigaux – Diagnostic différentiel entre troubles du spectre autistique et troubles du spectre de la schizophrénie chez l’adulte : sur la voie d’une approche psychanalytique et projective avec le test de Rorschach

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Le laboratoire INTERPSY a le plaisir de vous informer que Monsieur Antoine Frigaux, doctorant au laboratoire INTERPSY, rattaché à l’École doctorale Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (SLTC), sous la direction de Joëlle Lighezzolo-Alnot et Renaud Evrard soutiendra publiquement sa thèse préparée en vue de l’obtention du doctorat en Psychologie sur le thème suivant :

Titre

Diagnostic différentiel entre troubles du spectre autistique et troubles du spectre de la schizophrénie chez l’adulte : sur la voie d’une approche psychanalytique et projective avec le test de Rorschach

Le jury sera composé de :

Jean-Yves CHAGNON	Professeur, Université Sorbonne Paris-Nord	Rapporteur
Renaud EVRARD	Maître de conférences HDR, Université de Lorraine	Co-directeur
Joëlle Lighezzolo-Alnot	Professeur émérite, Université de Lorraine	Directrice
Thomas RABEYRON	Professeur, Université de Lorraine	Examinateur
Catherine WEISMANN-ARCACHE	Maître de conférences HDR, Université de Rouen Normandie	Rapporteur
Hélène SUAREZ-LABAT	Docteur, Université Paris-Descartes Sorbonne-Paris-Cité	Examinateur

Résumé :

Introduction. – La problématique clinique du diagnostic de Trouble du Spectre Autistique (TSA) en direction des personnes adultes est devenue un enjeu prioritaire pour les institutions médico-psychologiques depuis que la Stratégie nationale pour l’Autisme au sein des troubles du neuro-développement (TND) (2018-2022) s’est engagée vers une meilleure prise en considération de cette population trop largement délaissée dans les précédents plans Autisme. Cependant, la clinique diagnostique auprès d’adultes TSA confronte les professionnels à plusieurs difficultés. La première, clinique, est celle du chevauchement de la symptomatologie avec d’autres troubles psychiatriques, ce qui soulève notamment la problématique du diagnostic différentiel entre TSA et troubles psychotiques du spectre de la schizophrénie, d’autant plus complexe qu’elle est parcourue par de nombreux changements paradigmatiques et nosographiques menant à des remaniements théoriques et définitoires qui jalonnent l’histoire dans ce domaine. Cette situation théorico-clinique est par ailleurs compliquée par des difficultés techniques liées au nombre restreint d’outils disponibles pour cette classe d’âge, et d’autres d’ordre pratique. Pour répondre à ces difficultés diagnostiques, notre thèse vise à approfondir la clinique au-delà de l’observation des comportements manifestes et symptômes, en proposant l’analyse des données issues du test de Rorschach, afin de cerner des logiques ou spécificités intrapsychiques propres et celles caractéristiques des organisations autistiques ou schizophréniques telles qu’envisagées dans différents modèles psychanalytiques.

Objectifs. – L’objectif principal de cette recherche est donc de contribuer aux débats sur le diagnostic différentiel entre TSA et troubles du spectre de la schizophrénie, spécifiquement à l’âge adulte et en présence de symptomatologies cliniques peu bruyantes : d’abord d’un point de vue clinique en proposant des outils pratiques en lien avec la clinique projective et l’utilisation du test de Rorschach pour orienter le diagnostic et ce dans une position d’ouverture et de complémentarité aux procédures diagnostiques recommandées, mais aussi au niveau théorique en proposant des réflexions qui sous-tendent notre opérationnalisation en appui sur la littérature psychanalytique.

Méthode. – Une revue préalable de la littérature scientifique, historique et actuelle, psychanalytique et non-psychanalytique, nous a permis de poser les bases théoriques des relations entre autisme et schizophrénie et une modélisation des fonctionnements autistiques chez l’adulte, ainsi que de soutenir l’intérêt général du test de Rorschach dans la pratique clinique diagnostique de l’autisme et spécifiquement au regard de la problématique différentielle avec les troubles appartenant au spectre de la schizophrénie. Nous avons appliqué une méthodologie qualitative en deux temps, avec tout d’abord l’analyse des protocoles Rorschach d’un échantillon de 20 sujets autistes adultes guidée par nos hypothèses en vue de produire des repères qualitatifs et dynamiques de fonctionnements autistiques à l’âge adulte sur différentes dimensions psychiques. Dans un second temps, nous avons mis à l’épreuve leur caractère différentiel par l’analyse d’un cas unique présentant une problématique prégnante de diagnostic différentiel, et nous avons mis en évidence la pertinence de la clinique projective et psychanalytique pour éclairer les situations de doutes diagnostiques en psychiatrie.

Résultats. – Les analyses des protocoles Rorschach de nos sujets autistes nous ont amené à considérer que certains indicateurs qualitatifs au test de Rorschach pourraient être caractéristiques des fonctionnements autistiques de personnes adultes, et le travail sur le cas unique en vérifie le potentiel différentiel, notamment ceux concernant les liens à la réalité externe, les spécificités des processus de l’activité de pensée autistique, l’investissement de la représentation de soi et des relations d’objets, ainsi que les mécanismes de défense, voire même d’autres indicateurs potentiels non anticipés par les hypothèses. De plus, nous vérifions l’intérêt du test de Rorschach qui s’avère être un recours décisif dans le cadre de la procédure diagnostique de notre cas unique.

Discussion. – À l’aune de l’analyse d’un cas unique, l’hétérogénéité clinique de l’autisme en dehors des bornes du spectre psychiatrique est discutée, amenant à considérer un « autisme ordinaire » qui soulève différemment la problématique du diagnostic différentiel. Après avoir souligné certains hiatus théoriques et des limites méthodologiques qui nuancent les résultats généraux de ce travail, nous exposons quelques développements réflexifs nécessaires au regard de la particularité de la clinique autistique et de ses effets sur la recherche, et plus généralement sur le champ clinique entier dans lequel elle s’est développée.

Conclusions. – Outre la vérification du potentiel différentiel du test de Rorschach dans le cadre du diagnostic différentiel entre TSA et troubles du spectre de la schizophrénie chez des personnes adultes, établie sur la base du repérage de certains éléments cliniques à l’épreuve projective qui semblent être à la fois caractéristiques de la population adulte autiste et différents de ceux de la population présentant des modes de fonctionnement schizophrénique, la conclusion générale permet de soutenir la pertinence de la voie de l’approfondissement de la clinique, entreprise tout aussi nécessaire dans le cadre de la pratique clinique et diagnostique pour rester à l’écoute de la subjectivité de sujets autistes, que précieuse pour avancer dans celui de la recherche clinique, et peut-être plus encore au regard des changements qui traversent actuellement le champ de l’autisme.

Mot clés : Trouble du spectre autistique ; Trouble du spectre de la schizophrénie ; Diagnostic différentiel ; Test de Rorschach.