[Soutenance de Thèse] Arthur Braun – L’ailleurs interne Anthropologie clinique des expériences exceptionnelles et de l’entente de voix

Date/heure
Date(s) - 4 avril 2025
13 h 30 min - 16 h 30 min

Emplacement
Campus Lettres et Sciences Humaines, Salle A104

Catégories



Le laboratoire INTERPSY a le plaisir de vous informer que Monsieur Arthur Braun, doctorant au laboratoire INTERPSY, rattaché à l’École doctorale Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (SLTC), sous la direction de Renaud Evrard soutiendra publiquement sa thèse préparée en vue de l’obtention du doctorat en Psychologie sur le thème suivant :



Titre

L’ailleurs interne

Anthropologie clinique des expériences exceptionnelles et de l’entente de voix


Hypothèses : Dans cette thèse, nous avons exploré les expériences d’hallucinations acoustico-verbales à travers une démarche pluridisciplinaire, intégrant des perspectives de la psychologie clinique, de l’ethnopsychiatrie, de la phénoménologie des expériences exceptionnelles et de l’anthropologie culturelle. En assimilant ces différents paradigmes, nous avons développé notre propre référentiel de recherche : une anthropologie clinique des expériences exceptionnelles et plus particulièrement de l’entente de voix. Notre objectif principal était de mieux comprendre ces expériences humaines complexes en dépassant les cadres pathologiques pour en révéler les significations multiples et leurs implications pour la prise en charge clinique.

Méthodes : Nous avons conduit une série d’études qualitatives et quantitatives auprès de populations cliniques et non-cliniques, appuyées par des outils méthodologiques variés.
Dans l’étude 1, le questionnaire PExE-II nous a permis d’évaluer auprès de 266 participants la prévalence des expériences exceptionnelles dans la population en France. Puis, à l’aide de l’entretien semi-directif de Maastricht, nous avons étudié le parcours de 6 personnes qui ont vécu des phénomènes de voix.
Dans l’étude 2, nous avons porté une attention particulière aux dispositifs de prise en charge en évaluant auprès de participants l’efficacité des groupes d’entendeurs de voix (N = 20) en les comparant à des groupes thérapeutiques conventionnels (N = 14).
Dans l’étude 3, nous avons exploré les représentations des professionnels de la santé mentale sur ces dispositifs de groupe (N = 79).
Dans les parties suivantes, nous avons réalisé une étude anthropologique du mouvement des entendeurs de voix en France en employant une approche émique et étique. Enfin, nous avons étudié les représentations véhiculées dans les médias sur la schizophrénie et avons proposé 4 situations cliniques d’adolescents qui entendent ou ont entendu des voix.

Résultats : Ces différentes approches nous ont permis d’examiner les hallucinations acoustico-verbales sous différents prismes, en nous intéressant notamment à leurs liens avec des événements de vie marquants, tels que les traumatismes relationnels ou les ruptures affectives. Les résultats obtenus mettent en lumière la diversité des vécus des entendeurs, ainsi que la difficulté à réduire ces expériences à des symptômes d’une pathologie unique, comme la schizophrénie.
Les Groupes d’Entendeurs de Voix, fondés sur la pair-aidance et la réappropriation des expériences par les entendeurs eux-mêmes, se sont révélés être des espaces capables de favoriser le rétablissement et de diminuer l’isolement social. Nos analyses montrent cependant des lacunes dans leur intégration dans les pratiques de santé mentale en France.

Discussion : L’élaboration de notre thèse nous a permis de relever la tension constante entre les savoirs expérientiels des entendeurs et les cadres interprétatifs biomédicaux. Les croyances et l’interprétation des hallucinations acoustico-verbales s’appuient souvent sur des référentiels spirituels, culturels ou scientifiques, favorisant leur intégration pour le sujet. Par conséquent, notre travail souligne l’importance de considérer les hallucinations acoustico-verbales comme des phénomènes complexes et multidimensionnels, nécessitant une approche clinique ouverte et adaptée à la singularité de chaque individu. Malgré les limites inhérentes à notre recherche, notre travail propose une approche intraculturelle ainsi qu’intégrative des hallucinations acoustico-verbales. Nous mettons ainsi en avant la nécessité de repenser les prises en charge cliniques des personnes qui font l’expérience de voix pour les croiser dans la perspective élargie de la clinique des troubles dissociatifs. Nous espérons ainsi contribuer à une meilleure reconnaissance et compréhension des hallucinations acoustico-verbales, à la fois dans le champ de la recherche et dans les pratiques cliniques contemporaines.

Mots-clefs : anthropologie clinique intraculturelle – expériences exceptionnelles – classifications psychiatriques – entendeurs de voix – schizophrénie

 


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