Séminaire Pratique “L’Entretien en Psychothérapie et en Psychanalyse – praxis versus theoria” 4
Date/heure
Date(s) - 16 mars 2024
10 h 00 min - 12 h 30 min
Emplacement
UFR des Sciences Humaines et Sociales de Metz
Catégories
Le Séminaire Pratique “L’Entretien en Psychothérapie et en Psychanalyse – praxis versus theoria” qui se tient à l’UFR des Sciences Humaines et Sociales de Metz s’ouvre sur une sixième année grâce à notre désir qui nous porte, tel une brise légère.
Quel thème de travail et de recherche nous tiendra en 2023/2024, après avoir explorer cette année 2022/2023 “l’opérationnalité des concepts lacaniens” et précédemment en 2021/2022 l’œuvre freudienne ?
Nous nous inspirerons de Freud et de Lacan, et de quelques autres.
Mais d’abord comme à notre habitude nous puiserons notre savoir dans la clinique, dans la rencontre au cas par cas avec les patients qui sont nos enseignants. A condition d’apprendre à défricher et à déchiffrer la logique de leurs plaintes, de leurs symptômes. En effet chaque séance réserve son lot de surprises qui peut se révéler après coup, lors d’une supervision par exemple. Ce sont des choses qui nous échappent, auxquelles on ne prête guère attention. Sommes-nous trop enclins à attendre une parole pleine, qui fasse sens, qui éclaire la situation. Est-on amené à conduire l’entretien pour aller chercher ce que l’on attend ?
Le patient nous présente parfois l’important sous une forme anodine. C’est là sous nos yeux mais on ne le voit pas, à portée de nos oreilles mais on ne l’entend pas. Un peu comme l’histoire de la lettre volée d’E. POE. Le préfet de police de Paris ne retrouve pas une lettre de la plus haute importance dans le boudoir royal parce qu’elle ne se trouve pas à l’endroit où sa réflexion logique l’amenait à conduire ses recherches. Il la supposait cachée alors qu’elle avait été laissée en évidence sur le bureau. La lettre ayant été froissée et maquillée elle semblait sans valeur.
Quelle importance accordons-nous à ce qui surgit comme sans valeur? Certains auront reconnu ici la démarche Freudienne, celle de psychopathologie de la vie quotidienne. Freud accordant toute l’importance à ce que la science dédaigne : le rêve, le lapsus, l’acte manqué.
Aujourd’hui encore la science ou plutôt la pseudo-science psychologique dédaigne la démarche freudienne, voire la pulvérise.
Mais encore dans l’entretien peuvent se révéler à celui qui est attentif les éléments discrets qui signent la psychose.
Ce sont des phénomènes élémentaires du délire qui ne peuvent être mis en lumière que par l’attention subtile du praticien.
Mais aussi la petite phrase anodine qui ouvre la séance peut nous mettre la puce à l’oreille de ce qui surgit à cet instant comme l’important qui se dissimule sous une simple entrée en matière.
C’est à cela que nous nous attacherons l’année prochaine en naviguant de l’anodin à l’important, attentif à ce qui est souvent mis au rebut par les protocoles de soins, ou par la recherche de sens. L’insensé, ce qui surgit, le réel qui se manifeste nous serviront de guide.
Nous y lieront, de lire et lier, la praxis et la théorie, comme le titre du séminaire le suggère.
4ème séance du samedi 16 mars 2024 :
- Epistémologie :
Ariane BAZAN, Professeure de Psychologie clinique et Psychopathologie, Directrice du laboratoire Interpsy Lorraine – présentera « Le signifiant et le pinson, ces indices qui nous font trembler » –
« C’est de retour de son voyage sur le Beagle en cartographiant les différentes variantes de pinsons selon leurs territoires respectifs après avoir dessiné leurs caractéristiques, en particulier leurs becs, avec un coup de crayon fidèle à l’observation, que Charles Darwin formule cette hypothèse qui dé-téléologise le champ de la biologie : les espèces ne surviennent pas d’abord dans une adaptation parfaite à leur environnement, leur état n’est pas par défaut un état de perfection immanente. Elles naissent du fait de se soumettre à la violence des exigences de l’évolution naturelles, elles prennent leurs formes du fait de ces incisions de la nature. C’était une hypothèse à l’époque dont Freud aurait pu dire anachroniquement « qu’elle est méprisée par la raison », puisqu’elle a été accueillie par une moquerie et un mépris généralisés par les tenants de la biologie respectable. Mais ces mots-là, Freud les a employés pour décrire les liens associatifs et les effets psychiques qui se font sur base de la forme des mots, des signifiants. Freud, comme Darwin, a rédigé ces études de cas avec une loyauté minutieuse aux faits empiriques, même s’il s’agissait d’entendre et d’écrire plutôt que de regarder et de dessiner. Lui aussi s’est rendu compte des variations et des insistances des formes et en a fait une théorie, celle du processus primaire et des représentations de mots, reprises par Lacan dans sa théorie de l’effectivité mentale du signifiant, grâce à la linguistique structurelle de de Saussure. Et l’accueil de cette théorie est souvent également de l’ordre de la moquerie et du mépris. Cependant, il s’agirait maintenant de rendre cette théorie entendable en la soumettant à l’interdisciplinarité et à l’opérationnalisation, afin de faire valoir son potentiel inestimable de subversion quand il s’agit de saisir la condition humaine. Dans cette première partie le signifiant est saisi dans ses dimensions épistémologiques et scientifiques.
- Situation clinique :
La 2ème partie traitera d’un cas clinique qui permettra de prendre la mesure du rôle crucial du signifiant pour le travail clinique. Il s’agit du cas de Marie, en qui se fond la violence intergénérationnelle de deux guerres et des secrets sanglants dont on ne peut que deviner le caractère impitoyable. Quand elle arrive un jour en sueur à la séance, poursuivie par des ombres, elle convoque l’analyste à se saisir du rébus qu’elle s’emploie à incarner.
Le séminaire se tiendra aux dates suivantes de 10h à 12h30 sur le campus du Saulcy: 13 avril, 25 mai, 15 juin.
PARTICIPATION GRATUITE – Possibilité de s’inscrire en visio-conférence – vous pouvez adresser votre demande : thierry.nussberger@live.fr
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