
Le laboratoire INTERPSY a le plaisir de vous informer que
Monsieur Joris Mathieu
Doctorant au laboratoire INTERPSY, rattaché à l’école doctorale ,
sous la direction de soutiendra publiquement sa thèse préparée en vue de l’obtention du doctorat en Psychologie sur le thème suivant :
Le jury sera composé de :
Mots clés :
Obésité — Chirurgie bariatrique — Traumatismes — Psychosomatique — Résilience
Lieu: en salle A104 au sein du Campus Lettres et Sciences Humaines 23 Boulevard Albert 1er
Heure début: 14:00
Date: 21/09/2018
Heure fin: 18:00
Résumé :
Les candidats à la chirurgie bariatrique ont une trajectoire biopsychosociale singulière : obésité très sévère ou compliquée, psychopathologies fréquentes et histoires de vie difficiles et traumatiques. Considérant le traitement médical comme un échec, ils voient la chirurgie comme l’ultime solution. Le concept de résilience permet d’aborder la fragilité psychique et sociale de ces personnes. Les objectifs principaux de l’étude visent à mieux cerner leurs fonctionnements psychiques et à identifier leurs évolutions au cours d’un parcours de préparation à la chirurgie bariatrique, selon une approche semi-quantitative d’inspiration psychodynamique.
Deux cents sujets candidats à la chirurgie bariatrique (153 femmes et 47 hommes ; âge : 43,5 ± 11,74 ans ; IMC : 45,54 ± 7,19 kg/m2) ont été recrutés au début de leurs parcours de préparation au CHRU de Nancy. Ce parcours qui dure un an est basé sur un abord cognitivo-comportemental etpropose des ateliers collectifs d’éducation thérapeutique.
Trois méthodologies ont été utilisées au début et à la fin de ce parcours pour explorer lesdifférentes dimensions de la résilience dans le contexte de l’obésité sévère : des entretiens cliniquesde recherche, des données projectives (102 protocoles Rorschach) et des auto-questionnairespermettant d’apprécier la qualité de vie (EQVOD et SF-36), les Troubles des Conduites Alimentaires (TCA) (DEBQ et BES), les psychopathologies (HAD et MINI), les mécanismes de coping (Briefcope),l’alexithymie (TAS), et la résilience (RSA).
Le processus de résilience est inexistant en début de parcours. Les résultats indiquent que les sujets présentent une faible qualité de vie ainsi que de nombreuses psychopathologies : compulsions alimentaires (62,89 %, dont 56,6 % de Binge Eating Disorder (BED)), dépressions (15 %), anxiétés (34,5 %) ou encore addictions (29,5 %). Un nombre important d’événements de vie difficiles ettraumatiques est relevé : 86 % des sujets ont un vécu polytraumatique remontant majoritairement àl’enfance et l’adolescence.
Les réponses paradoxales données par certains sujets aux auto-questionnaires permettent de les classer selon un profil comportemental dit “discordant” (sous-évaluation du binge eating à la BES et surévaluation de la résilience à la RSA) qui se caractérise par un défaut de mentalisation relevé àl’entretien clinique et au Rorschach.
Une nette amélioration de l’ensemble des indicateurs est constatée à la fin du parcours. Laqualité de vie des sujets, notamment psychique, augmente. La prévalence des psychopathologies, elle, diminue fortement, avec des réductions significatives des TCA en termes de fréquence (64,78 %)et d’intensité (13,21 % avec forte compulsivité), des dépressions (3,14 %), de l’anxiété (8,18 %) et descomportements addictifs (13,84 %). Enfin, les difficultés de mentalisation ont régressé, bien que la majorité des sujets présente toujours une absence de processus résilient juste avant la chirurgie. Lessujets présentant un profil “concordant” d’après les auto-questionnaires, connaissent une amélioration significativement plus importante à la plupart des indicateurs, par rapport aux sujets “discordants”.
Dépasser les critères relevant du seul discours conscient (RSA) pour accéder aux motions défensives et au registre inconscient (entretien clinique formalisé et Rorschach) est la méthode de référence pour expliquer des résultats de prime abord paradoxaux. Les événements de vie difficileset traumatiques paraissent avoir généré des difficultés de mentalisation, barrant l’accès à unprocessus résilient, tel que relevé en début du parcours de préparation à la chirurgie. Ces résultatssoulignent l’existence d’une vulnérabilité psychique chez ces sujets, candidats à la chirurgie bariatrique. Ils montrent également toute l’importance d’une approche pluridisciplinaire globale etd’une prise en charge psychothérapeutique adaptée. Le concept de résilience est d’un grand intérêtpour apprécier la trajectoire des sujets selon une approche psychodynamique. La suite de ce travail évaluera la valeur pronostique des indicateurs de la résilience quant au succès de la chirurgie bariatrique à plus long terme.