Thèmes de recherches

• Relations interpersonnelles et résolution de problèmes entre enfants
• Analyse pragmatique des interactions sociocognitives
• Pragmatique, émotions et développement du raisonnement conditionnel
• Apprentissage technologique
• Compréhension de la perspective de soi et d’autrui en situation interlocutoire

Mots clés :développement cognitif, interaction sociale, enfant, affinité (amitié), émotion, pragmatique, résolution de problème.

Activités de recherches

Deux nouveaux projets de recherches sont mis en œuvre, deux collaborations scientifiques se poursuivent et une cinquième perspective de travail, à visées scientifique et d’innovation pédagogique, fait l’objet d’une demande de CRCT.

• PROJET 1 :De la création du Vocabulaire de la Psychologie de l’Interactionà la constitution d’un réseau scientifique européen : Analyser l’institutionnalisation d’un paradigme (VocaPI)

A l’issue des échanges qui ont émergé au cours de la soutenance de mon HDR est né le projet commun, entre les membres de mon jury et moi-même, de constituer un groupe européen de recherches en Psychologie de l’Interaction ; il se compose de neuf chercheurs appartenant aux institutions suivantes : Universidad Autónoma de Madrid (Espagne), Università di Bologna (Italie), Université d’Angers, CNRS & Telecom Paris Tech, Université de Lorraine et Université Toulouse Jean Jaurès. Ce groupe de travail que j’anime – officieusement depuis avril 2016 (date de la première webconférence réunissant les membres de ce groupe) et officiellement depuis février 2017 (date du dépôt de la première demande de subvention) – poursuit trois objectifs :

(1) Concevoir de manière collaborative le tout premierVocabulaire de la Psychologie de l’Interaction,sur la base de l’identité scientifique constituée à l’Université de Lorraine par les travaux du Groupe de Recherche sur les Communications.

(2) Construire un réseau européen de recherches en Psychologie de l’Interaction. Tous les partenaires du projet VocaPI sont des experts dans l’analyse des interactions sémiotiques en contextes d’apprentissage, avec des spécificités qui enrichissent cette collaboration, parmi lesquelles :

• l’apprentissage collaboratif instrumenté (notamment plate-forme de type Wiki) (M. Baker) et plus généralement la formation à distance (F. Carugati)
• la parole-en-interaction dans ses dimensions phénoménologiques (M. Batt, C. Sorsana, A. Trognon)
• la pragmatique des objets en tant qu’outils culturels et leurs impacts dans le développement (socio)cognitif (C. Rodríguez Garrido ; V. Tartas)
• l’évaluation des contextes éducatifs et de formation (P. Selleri ; A. Weil-Barais)
• les nouvelles technologies éducatives/formatives (M. Baker ; F. Carugati ; P. Selleri)
• les relations interpersonnelles et leurs impacts sur les résolutions de problèmes (C. Sorsana)
• les théorisations formelles de l’accomplissement des pensées en contextes dialogiques (M. Baker ; M. Batt ; A. Trognon)
• la formation des concepts et des démarches scientifiques (A. Weil-Barais)
• les modalités de changement des représentations en lien avec le changement de pratiques (F. Carugati, P. Selleri, A. Weil-Barais).

(3) Analyser l’institutionnalisation d’un paradigme de recherches, une contribution à l’étude des sciences à partir des pratiquesscientifiques. Notre entreprise scientifique constitue, en outre, « une expérience de la nature » permettant d’interroger et de mobiliser nos connaissances respectives sur l’impact de nos propres interactionsdans les processus d’apprentissage engagés au sein de notre activité collaborative.

• PROJET 2 :Approche micro-phénoménologique de l’émergence d’une idée-en-conversation

Ce projet s’inscrit dans le prolongement des perspectives de recherches annoncées en conclusion de mon HDR : je poursuis ma formation[1]à l’analyse micro-phénoménologique afin d’être capable de recueillir la micro-description de l’expérience vécue des enfants en situation de résolution de problèmes dans le cadre de protocoles de recherches. La question à élucider est : Les enfants peuvent-ils témoigner de leurs propres expériences d’émergence d’une idée-en-conversation ?

Ce projet vise l’approfondissement d’une réflexion épistémologique – et pratique – concernant la conceptualisation d’une pensée incarnée, avec le souci de saisir la qualité vécue de l’expérience particulière des jeunes interlocuteurs couplés à une situation donnée de résolution de problème. Ces questionnements prolongeront nos connaissances actuelles relatives à la détermination contextuelle et dialogique du développement de la pensée (Mead, 1963 ; Sorsana, 1999, 2014 ; Sorsana & Trognon, 2011, 2018 ; Vygotski, 1985)[2]et s’inscrivent dans la perspective enactive du fonctionnement de l’esprit (Varela, Thompson & Rosch, 1993)[3], à partir des contraintes développementales de sa formation.

Au sein d’un cadre méthodologique quasi-expérimental mais hors laboratoire, il s’agit de concevoir un dispositif de recueil et d’analyse des conversations des enfants en train de résoudre ensemble une tâche cognitive pour tenter de saisir l’émergence d’une idée nouvelle au sein des échanges conversationnels, à la fois en 1^èrepersonne (selon le point de vue des enfants eux-mêmes, guidés par un entretien d’explicitation) et en 3^èmepersonne (selon le point de vue du chercheur-analyste des conversations). Ces regards croisés sur un même objet – l’émergence d’une idée-en-conversation – sont susceptibles d’enrichir les méthodologies d’appréhension de la construction intersubjective de la pensée (Zlatev, Racine, Sinha, & Itkonen, 2008)[4]. Il conviendra de préciser comment, concrètement, établir un recueil rigoureux de descriptions de l’expérience subjective associée à l’émergence d’une idée (Petitmengin, 2006, 2007 ; Petitmengin & Bitbol, 2009 ; Vermersch, 2003, 2012)[5], i.e., décrire précisément comment accompagner/guider les enfants à produire des « gestes intérieurs » nécessaires aux rapports d’expérience de l’émergence d’une idée (Petitmengin, 2007) afin de leur permettre de témoigner de leurs propres expériences d’émergence d’une idée-en-conversation.

AUTRES COLLABORATIONS ENGAGEES :

• Compréhension de la perspective d’autrui à partir d’une situation interlocutoire de désambiguïsation des prénoms

Il s’avère difficile d’étudier la capacité des jeunes enfants, âgés de moins de 3 ans, à comprendre la perspective d’autrui, en dépit de quelques investigations utilisant des tâches non verbales[6]. L’originalité du protocole créé dans le projet coordonné par Hiroko Norimatsu (CLLE-LTC, UMR 5263, Université Toulouse Jean Jaurès) – sur le thème de la comparaison franco-japonaise du développement de la compréhension d’autrui chez les jeunes enfants[7]– est d’immerger les interactions jeune enfant/adulte expérimentateur dans un véritable contexte de communication, reposant sur une syntaxe et des actes de langage simples et familiers du petit enfant, et qui ne nécessite pas pour autant de sa part une réponse verbale pour saisir sa compréhension (ou non) des connaissances dont dispose son interlocuteur en contexte. Ce protocole verbal original porte sur la désambiguïsation des prénoms qui implique une interprétation totalement dépendante du contexte (Blin, 2009)[8]parce qu’elle repose sur le terrain commun (Clark, 1992, 1996, 1999)[9]des deux interlocuteurs.

• Pragmatique, émotion et raisonnement conditionnel chez les jeunes enfants

Dans le prolongement des études que nous avons conduites en psychologie développementale au sein de la recherche, financée par l’Agence Nationale de la Recherche, intitulée The psychology of conditional directives : putting logical expressions to work(CONDIRECT, 2005-2008, prolongée en 2009) et coordonnée par Denis Hilton, je poursuis une collaboration avec Valérie Tartas (CLLE-LTC, UMR 5263, Université Toulouse Jean Jaurès). Nous co-animons un séminaire de recherche en Master 1 sur le thème Respect et transgression des règles sociales en fonction des contextes à risque chez des enfants d’âges préscolaire et scolaire. Ce séminaire poursuit deux objectifs : 1/Etudier dans quels contextes sociaux les enfants comprennent et utilisent les termes logiques « si… alors… », « si et seulement si… alors… », « même si », « si seulement »,etc., à partir de relevés des contextes sociodiscursifs spontanés ou narratifs, dans le quotidien du jeune enfant (domicile, crèche, …) et lors d’évocations de situations à risque possibles (sécurité routière, risques domestiques, risques des héros d’une histoire…) ; 2/ Etudier la compréhension par l’enfant de cas de force majeure, c’est-à-dire des situations dans lesquelles un événement imprévisible se produit et oblige le protagoniste à ne pas respecter la règle initialement prescrite par une figure d’autorité (mère ou père). A partir de quel âge les enfants comprennent-ils qu’un protagoniste qui ne respecte pas une règle initiale dans un contexte de force majeure a néanmoins pris la bonne décision ?

• PROJET A VISEES SCIENTIFIQUE ET D’INNOVATION PEDAGOGIQUE (demande de CRCT) :

Ce projet consiste à réunir et à publier les entretiens de chercheur-e-s, spécialistes de la psychologie du développement de la pensée, que je souhaite interroger sur deux thématiques : 1/ Que savons-nous du développementde la pensée humaine et qu’est-ce qui nous reste d’essentiel à connaître ? 2/ Quelles sont les pistes d’action possibles face à la manipulation de la pensée, l’enrôlement sectaire et la radicalisation de l’esprit des jeunes gens ? J’ai le projet d’accompagner la publication de cet ouvrage scientifique des enregistrements audios ou audiovisuels de ces entretiens à des fins de supports pédagogiques.

[1]Formation « Méthodes d’explicitation pour la recherche » (2015) auprès de Claire Petitmengin à Telecom Paris Tech ; participation au séminaire de micro-phénoménologie (https://www.microphenomenologie.com) organisé dans le cadre des Archives Husserl-ENS par Claire Petitmengin et Michel Bitbol, en collaboration avec Natalie Depraz, en 2015/2016 puis en 2016/2017 ; participation (depuis 2017) au séminaire « Explicitation et Recherche : analyse des données », organisé à l’ENS-Lyon par Magali Ollagnier-Beldame (Chargée de Recherche CNRS, Laboratoire ICAR UMR 5191, équipe InSitu).

[2]Mead, G. H. (1963). L’esprit, le soi et la société. Paris : Presses Universitaires de France (édition originale, 1934, Mind, self and society. From the standpoint of a social behaviorist).Sorsana, C. (1999). Psychologie des interactions sociocognitives. Paris : A. Colin (Collection Synthèse). Sorsana, C. (2014). L’inscription conversationnelle de la pensée : Dynamiques sociocognitives de l’interlocution et développement cognitif. Habilitation à Diriger des Recherches. Nancy : Université de Lorraine. Sorsana, C. & Trognon, A. (2011). Contextual determination of human thinking: About some conceptual and methodological obstacles in psychology studies. Human Development, 54 (4), 204-233. Sorsana, C.& Trognon, A. (2018).Conversing as metaphor of human thinking: is mind like a conversation? Integrative Psychological and Behavioral Science. https://doi.org/10.1007/s12124-018-9424-z. Vygotski, L.S. (1985). Pensée et langage. Paris : Editions sociales (édition originale, 1934).

[3]Varela, F. J., Thompson, E., & Rosch, E. (1993). L’inscription corporelle de l’esprit. Sciences cognitives et expérience humaine. Paris : Seuil (édition originale, 1991, The embodied mind : Cognitive science and human experience).

[4]Zlatev, J., Racine, T.P., Sinha, C., & Itkonen, E. (2008). Intersubjectivity: what makes us human? In J. Zlatev, T.P. Racine, C. Sinha, & E. Itkonen (Eds.), The shared mind. Perspectives on intersubjectivity(pp. 1-14). Amsterdam & Philadelphia: John Benjamins Company.

[5]Petitmengin, C. (2006). L’énaction comme expérience vécue. Intellectica, 1(43), 85-92. Petitmengin, C. (2007). Towards the source of thoughts. The gestural and transmodal dimension of lived experience. Journal of Consciousness Studies, 14(3), 54-82. Petitmengin, C. & Bitbol, M. (2009). The validity of first-person descriptions as authenticity and coherence. Journal of Consciousness Studies, 16(10-11), 363-404. Vermersch, P. (2003). L’entretien d’explicitation. Paris : Editions ESF (édition originale, 1994). Vermersch, P. (2012). Explicitation et phénoménologie : vers une psychophénoménologie. Paris : Presses Universitaires de France.

[6]Call & Tomasello (1999) ; Onishi & Baillargeon (2005) ; Southgate, Senju & Csibra (2007).

[7]Les autres partenaires du projet de recherches sont R. Blin (CNRS-Centre de Recherches Linguistiques sur l’Asie Orientale, UMR 8563), K. Hashiya et H. Kobayashi (Faculty of Human-Environmental Studies, Kyushu university, Japan).

[8]Blin, R. (2009). Introduction à la linguistique formelle. Paris : Hermès science publications Lavoisier.

[9]Clark, H.H. (1992). Arenas of language use. Chicago: University of Chicago Press. Clark, H.H. (1996). Using language. New York: Cambridge University Press. Clark, H.H. (1999). On the origins of conversation. Verbum,XXI(2), 147-161.